SUR PIERRE DE L'ESTOILE.                         35
Comme il avoit étudié la manière d'écrire du temps, on ne remarque pas au premier coup d'oeil trop de bi­garrure entre les morceaux de L'Estoile qu'il a conservés en entier, et ceux qu'il a refaits; et on ne doit pas étre étonné que d'habiles critiques aient cru qu'il avoit copié fidèlement le texte original.
Le cadre d'une notice ne nous permet pas d'entre­prendre un examen détaillé de son travail : nous nous bornerons à deux observations. L'Estoile, qui fait un journal, et qui n'a pas la prétention d'écrire une his­toire, commence ainsi le Journal de Henri iv : a Les a nouvelles de la mort du Roy ( Henri iii ) furent sçeues « à Paris s le matin du 2" d'aoust, et divulguées « entre le peuple dans l'après disnée. » Godefroy, sans aucun motif, reporte cet article et quelques autres au règne de Henri iii, qu'il continue jusqu'à la fin du mois d'août. Il met en tête du Journal de Henri iv une es­pèce de préambule assez emphatique qu'on ne trouve pas dans le manuscrit, et qui, dès les premiers mots, donne une autre couleur à l'ouvrage.
On se rappelle que L'Estoile a intitulé le volume dont nous nous occupons : Mémoires depuis la mort du Roy jusqu'au 22 mars i5g4, Jourdé la réduction de Paris; et en effet, le dernier article du Journal dans le manuscrit est du 21 mars au soir. De son côté, Go­defroy a déclaré dans sa préface qu'il n'avoit pas pu découvrir les volumes suivans: s - lors L'Estoile ne pouvoit plus lui fournir de matériaux passé le 21 mars; cependant il donne une relation très-détaillée de la jounée du 22 ; il y fait même jouer un le à L'Estoile, qui, selon lui, auroit pris ses armes et son écharpe blanche dès trois heures du matin, se seroit rendu sur le pont
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